Une salade de Pissenlit, ça vous dit ?

Taraxacum campylodes G.E.Haglund

 

 

 

Le pissenlit (Taraxacum campylodes G.E.Haglund) est très commun en France, dans les champs et sur les bords de chemins jusqu’en montagne. Cosmopolite, c’est aussi un légume, parfois blanchi, cultivé sous tous les climats dans les sols fumés et frais. Le nom scientifique, Taraxacum, a une origine grecque, toutefois l'étymologie reste incertaine puisque la décomposition donne taraxis, troubles des yeux, et akeomai, guérir, car sa sève laiteuse était considérée comme un remède des maladies de la vue… ? Autrement, les médecins arabes le nomment Tarakhshagun et en parlent comme d'une sorte d'Endive sauvage. Quoi qu’il en soit, avant le XVe siècle, nul botaniste ou médecin ne citait le nom commun de Pissenlit avec ses propriétés diurétiques.

Certes, cette plante de la famille des Astéracées (anciennement Composées) devait exister bien avant, mais sa grande variabilité chromosomique explique l’existence de nombreuses sous-espèces et une morphologie très variable difficile à caractériser.

Une chose est sûre, c’est qu’elle est considérée comme une « mauvaise herbe » des pelouses, étant donné qu’elle peut se reproduire par graines et par sections de racine. Outrage suprême pour les jardiniers adeptes du gazon anglais immaculé! Imaginez un peu, au printemps, issue d’une grosse racine vivace et épaisse, émerger une rosette de feuilles vert tendre à bordure déchiqueté, comme les dents de scie de charpentier, et brusquement rétréci en pétiole ! Reconnaissez que le Pissenlit porte bien son surnom de Dent de Chien ou Dent de Lion !

Malgré cela, certains individus ont le courage de le manger cuit, haché et relevé de beurre ou de jus de viande, voire même cru en salade, agrémenté avec des petits lardons fondus à la poêle ou bien avec de petits morceaux d'anchois… une vraie Laitue de Chien ou Salade de Taupe ! Ou bien, serait-ce de la vraie laitue traitée en culture biologique avec du purin de pissenlits en fleurs pour stimuler leur croissance ?

Malgré cela, on le dit né de la poussière soulevée par le char du Soleil, de par sa forme, sa couleur et le comportement de ses fleurs qui s'ouvrent au lever dès les premiers rayons de soleil du mois avril et se ferment à l'approche du crépuscule. Et les abeilles ne s’y trompent pas, quand elles butinent le miel brun contenu dans chacune des centaines de petites fleurs ligulées contenues dans un seul capitule.

Il y a aussi la hampe florale produisant un latex blanc qui s’oxyde en brun noir, au grand désespoir des parents dont leurs enfants s'amusent inconséquemment à tester le goût pour le beurre en leur tartinant le nez de leurs camarades de pollen jaune. L’autre nom commun de Florin d’or ne serait-il pas lié au coût des vêtements tâchés ? Qu’importe, la réprimande en vaut la chandelle : on peut faire des trompettes avec le pédoncule floral creux, on peut s’amuser à souffler dessus les fructifications afin de laisser s’envoler les graines tels de petits parachutes, et bien d’autres bêtises encore. Même les plus grands se prêtent au jeu, puisque le pissenlit sert, depuis longtemps, de présage aux jeunes filles à marier : car autant de fois elles sont obligées de souffler pour disperser son duvet, autant d'années elles attendront un époux...

Ce sont peut-être les graines à aigrette blanche et disposées de façons sphériques qui sont plus connues que le pissenlit lui-même. Longtemps, l’égérie du dictionnaire Larousse s’est époumonée à en perdre le souffle sur ces Couronnes de moine ou Têtes de moineau. La seule consolation qu’elle peut avoir, sera de se refaire une beauté à partir des nombreux composants contenus dans l’ensemble de la plante : huile essentielle, inuline, tanin, glucides, sels minéraux, provitamine A, vitamines B et C. Les magiciens disent même que si une personne s'en frotte tout le corps, elle sera bien venue partout et obtiendra ce qu'elle voudra...