Le Houx : un concurrent du sapin de Noël

Ilex aquifolium L.

 

 

 

En hiver, le Houx est un des rares petits arbres, qui reste toujours vert dans les sous-bois des forêts caduques. Bien que Ilex corresponde au nom latin du Chêne vert des régions méditerranéennes, le Houx supporte mal la sécheresse et préfère la fraîcheur et la pénombre des futaies de plaines et de moyennes montagnes. Ainsi, sous nos climats tempérés, on s’est plu à lui associer le nom de nos villages tels que Houssay, Houssaye, Houssière, etc.

L’élément le plus caractéristique est sans conteste ses feuilles d’un beau vert luisant qui contrastent avec les baies corallines. Mais, attention, le Houx ne se laissera pas cueillir impunément pour orner vos tablées de Noël ; ses rangées d’épines acérées repousseront plus d’un sécateur, mauvais esprits, sorcières et autres jeteurs de sorts ! Soyez rusés, le Houx présente deux types de feuilles : celles exposées au soleil sont épineuses contrairement à celles situées à la base de l’arbre ; malheureusement, c’est souvent là où il y a moins de baies ! Et encore, il faut avoir de la chance, car c’est une espèce dioïque, avec des individus mâles et femelles, et seules les femelles ont les boules !

Le Houx, ou aussi Agriou, est le seul représentant européen de la famille des Aquifoliacées, avec environ 300 espèces réparties de par le monde. Le plus illustre représentant cette famille est le Maté dont les feuilles et les jeunes rameaux, soumis à la torréfaction, servent d’infusion et d'aliment coupe faim, précieux pour les peuples sous-alimentés d'Amérique latine… La décoction d’écorce ou de feuilles de notre Houx était, quant à elle, appréciée contre la colique, les affections arthritiques, les fièvres intermittentes, les maladies cutanées, les maux d'estomac, la jaunisse, etc. Toutefois, la toxicité des baies est prouvée et au moment des fêtes de fin d'année, on ne laissera pas les rameaux de Houx chargés de fruits à la portée des plus jeunes mains, même si les feuilles acérées les découragent vite. Préférez laisser ces baies aux grives et aux merles qui sont insensibles à la toxicité et en sont très friands.

Dans nos contrées, il croît lentement et peut vivre sans doute plusieurs siècles mais les grands Houx sont rares car son bois était très recherché. Blanchâtre, brunissant au coeur avec l'âge, homogène, lourd et dur, le « Bois franc » reste d’une grande résistance et est très souple, ce qui fait qu’on le recommandait pour fabriquer des objets robustes, des manches d'outils, des fléaux, des cannes, des chevilles dans l'outillage rural ancien.

A la même époque, avant que la chasse aux "gluaux" n'ait été, pour le bien des passereaux, déclarée illégale, tous les paysans et surtout les enfants des campagnes savaient préparer la glu avec la seconde écorce du Houx. Maintenant, on préfèrera faire de magnifiques haies, épaisses, infranchissables, très durables qui serviront de garde-manger pour ces mêmes passereaux, ou plutôt leur descendance…

Maintenant que vous savez presque tout sur le Houx, en avant pour les préparatifs de Noël : les rameaux de Houx liés en botte vont servir à ramoner la cheminée ou protéger les jambons contre l’attaque des rats et l’écorce de la racine servira à tanner les cuirs des petits souliers !