Lierre grimpant : pas si parasite !

Hedera helix L.

 

 

 

Qui ne connaît pas le Lierre grimpant ? Au détour d'un chemin, partant à l'assaut du faîte d'un vieux Chêne, le Lierre grimpant (Hedera helix L.) est aisé à reconnaître par ses tiges grimpantes à crampons qui adhérent grâce à de nombreux poils ventouses. A défaut de vous surprendre, le Brou comme certains l'appellent encore, n'est pas une plante parasite puisque ses crampons n'ont aucune fonction absorbante. Cependant, les grosses tiges du lierre, parfois de plusieurs décennies, finissent toujours par enserrer complètement le tronc de leur hôte et le gênent dans sa croissance jusqu'à en diminuer son espérance de vie, d'où son nom de Bourreau des arbres. Si ce n'est pas un parasite au sens propre, il constitue pourtant pour le jardinier une véritable « mauvaise herbe » quand ce dernier ne s'en sert pas pour masquer un cabanon défraîchi. Ceci s'explique par les nombreuses tiges rampantes sur le sol qui émettent des racines adventives permettant à la plante d'envahir l'espace des sous-bois, tant sur le littoral que dans les terres.

Originaire d'Europe et d'Asie occidentale, il a reproduit son comportement colonisateur quand il a été introduit à des fins ornementales aux Etats-Unis où il est désormais considéré comme une espèce nuisible. Mais tout le monde n'y voit pas que du mal dans cette Herbe des poètes, puisque ses tapis de feuilles, à lobes triangulaires vert foncé avec des nuances violines, ont servi de source d'inspiration à de nombreux artistes. " De moi puisse la terre Engendrer un lierre M´embrassant en maint tour Tout à l´entour" Ode de Ronsard "de l´élection de son sépulcre" Plante chargée de symboles, elle l'est.

Dès l´Antiquité, dans le but de se protéger contre les empoisonnements, les Grecs buvaient du vin dans lequel avaient macéré des feuilles de Lierre. Aussi, Dionysos-Bacchus, le dieu du vin, était représenté avec une couronne de Lierre qui, croyait-on, protégeait le buveur contre les inconvénients de l´ébriété.... Plus tard, le Lierre en fruit, gravé ou sculpté sur des tombes modernes en Occident, est devenu le symbole de la fidélité et de la vie éternelle. Peut-être est-il hérité de l´Egypte, car on a vu à l´exposition de Ramsès II le sarcophage d´une Dame Isis, femme d´un artisan, la représentant vêtue de ses plus beaux atours; elle a dans les mains les extrémités de lianes de Lierre en fruit. Mais, Montaigne ne lui attribuait pas autant de faveurs. Il le considérait comme un corrupteur et n'avait-il peut-être pas tord, car l´ingestion des petites baies sphériques, violettes à noires, peut provoquer des troubles digestifs graves chez l'homme (liés à l'hérédine). Par contre, les grives et les merles en raffolent, tandis que les moutons en font un fourrage de prédilection sans inconvénient. Sa toxicité se retrouve aussi dans les feuilles, qui contiennent de l'émétine, une substance qui peut occasionner des contractions utérines. Jadis, empiriquement, on connaissait cette propriété puisqu'on administrait aux vaches une brassée de lierre pour faciliter leur vêlage.

Enfin, la corruption se retrouve même dans l'étymologie du mot puisque Le lierre est au féminin dans toutes les langues romanes, conformément au latin; curieusement, en français, il est au masculin ! Mais, comme la nature est bien faite, Mesdames, vous y trouverez quelques vertus dans ses propriétés contre la cellulite, pour vous teindre les cheveux en noir, ou encore élaborer un produit à vaisselle !