Jonquille ou Narcisse, qu’importe... mais pas avec un Poireau !

Narcissus pseudonarcissus L.

 

 

 

Le Narcisse jaune (Narcissus pseudonarcissus L.) est l’un des narcisses sauvages le plus commun en Europe. Il pousse souvent en colonies importantes, dans les prés et les forêts humides. S’il est fréquemment appelé « Jonquille », en toute rigueur de botaniste, ce nom devrait  être réservé à l’espèce Narcissus jonquilla L. qui pousse principalement en région méditerranéenne. En effet, le terme de Jonquille provient de l'espagnol “junco”, qui signifie “jonc”, en référence à la forme de ses feuilles.

Cette confusion, n’a pas empêché au Narcisse jaune de faire le tour du monde. Les premiers migrants aux Etats-Unis avaient coutume d'en planter dans leur nouveau « Home » du nouveau monde. C'est d'ailleurs grâce aux proliférations de cette fleur qu'on pouvait déterminer les emplacements d'anciennes habitations.
En France, il peut aussi bien proliférer par endroits qu'être très rare en d'autres, comme dans l'Est. Ce  n' est pas le cas à St-Etienne-de-Montluc  en Loire-Atlantique où la fête des jonquilles nécessite jusqu'à 800 000 fleurs pour tout le cortège de chars ! Pas question donc de tarir la source des Jonquilles si l’on souhaite que la fête dure dans le temps. Aussi, chacun a soin, lors de la cueillette, de ne pas arracher les précieux bulbes des "Rousinettes". » Et, s’il est vrai qu’elle apporte à celui qui la trouve plus d'or que d'argent dans les douze mois qui viennent, les cueilleurs doivent être alors sacrément riches !

C'est une des premières fleurs du printemps, qui fane rapidement pour résister aux chaleurs de l’été et aux froids de l’hiver dans son bulbe écailleux. De ce dernier, 2 à 5 feuilles aplaties et linéaires s'élancent pour afficher leur couleur bleu-vert, d’où l’appellation d’ « Aillault » par similitude morphologique avec l’ail. Mais, le parfum de ce narcisse est tout de même plus agréable même s’il peut s'avérer entêtant et endormant pour certaines personnes comme l'atteste son étymologie grecque : narkaô signifiant assoupir. Rappelons que dans la mythologie grecque Narcisse était d'une beauté exceptionnelle mais d'un caractère très fier auquel la nymphe Écho lui jette une malédiction : il tombe amoureux de son reflet dans une mare d'eau sans jamais pouvoir rattraper sa propre image et finit par  mourir d'une passion qu'il ne peut assouvir. Pleuré par ses sœurs les naïades, à l'endroit où l'on retire son corps, on découvre des fleurs blanches de Narcisse. Et si notre Jonquille est jaune, c'est probablement une coquetterie de l’évolution des espèces...

Sans systématiquement conduire à la mort, le Narcisse jaune est toxique pour l’homme et les animaux. Il peut conduire à des vomissements et des frissons en cas d’ingestion, ou des démangeaisons de la peau pour les personnes les plus sensibles. Cette toxicité provient des aiguilles d’oxalate contenues dans toute la plante et plus particulièrement dans le bulbe.

La fleur du Narcisse jaune est solitaire, d’abord dressée et fière à l'extrémité d'une longue hampe florale, composée  de 6 pétales et sépales indifférenciées (des tépales), formant une étoile jaune pâle. A la base de celle-ci se dégage une sorte d’entonnoir jaune vif, évasé et dentelé sur sa bordure, d’où les noms de Narcisse trompette, Chaudron ou encore Clochette des Bois.

Nos voisins d'Outre-Manche, à l'époque de la Saint-David, patron du pays de Galles, avaient pour tradition de porter un poireau le 1er mars. De nos jours, le poireau, qui porte presque le même nom gallois que celui du Narcisse, est souvent remplacé par une jonquille à boutonnière... c’est quand même plus chic que l’emblème du pot-au-feu !
 
Enfin, on dit aussi que le narcisse jaune serait originaire du pays de Montbéliard, sous le nom de « Campenottes ». Je vous raconte son histoire?
Entre Bart et Bavans, dans une grotte sur le Mont-Bart, vivait un vieux druide Vivrax et sa fille Zaël. Tombée amoureuse d’un beau centurion romain, elle abandonna son père qui maudissait cette union au sommet du Mont-Bart. Un matin, y voyant des corbeaux tournoyer, Zaël, inquiète, retourna au sommet et vit horrifiée le corps de son père mort. Elle le ramena dans la grotte et là, par magie, la voûte de la grotte s’effondra réunissant pour l’éternité le père et sa fille.
Ainsi disparut le dernier druide du Mont-Bart. Quand on retrouva la faucille d’or du vieux druide aux abords de la grotte, quelqu’un voulut la ramasser et elle se réduisit en une très fine poussière que le vent dispersa. Ces minuscules particules d’or, touchant le sol, se transformèrent en petites fleurs jaunes : les Campenottes.