De la rose des chiens pour donner de la confiture aux cochons !

Rosa canina L.

 

 

 

L’Eglantier est un arbuste caractérisé par de très longs rameaux dressés, puis retombants et munis d’aiguillons crochus. Cette grande vigueur a fait qu'il est souvent utilisé comme porte-greffe à de très nombreuses variétés de rosiers cultivés. Les feuilles sont alternes, composées de 5 à 7 folioles à bords sciés, et ses bouquets de grandes fleurs roses pâles expliquent probablement son autre nom de Rosier de la Vierge, tant sa délicatesse est évidente. Ainsi, de mai à juillet, de ce Rosier des bois émane un parfum de rose ancienne, suave et frais, dans les haies des bords de chemins ou à la lisière de bois de feuillus.

Que de poésie qui cache un dessein bien plus sournois ! Tout d'abord, la Rose des chiens peut subir une piqûre d'un cynique cynips (Diplolepis rosae de la famille des Hyménoptères), qui l'affuble d'une gale ébouriffée et rougeâtre digne d'une sorcière du moyen-âge au nom exotique de bédégar. Ce nom d’origine persane signifiant « emporté par le vent » peut être aussi remplacé par « barbe de St Pierre ». Cette étymologie est à rapprocher de sa répartition cosmopolite : de l'Europe à l'Asie en passant par l'Afrique septentrionale. Mais, cette apparence physique disgracieuse liée à ces gales est, depuis longtemps, largement compensée par leurs qualités astringentes et toniques du fait de sa forte teneur en tanin.

Mais, ce n'est pas tout, le côté obscur du Rosier sauvage se cache plutôt dans le creux de son fruit. Après une nouaison paisible tout l'été, les conceptacles deviennent charnus et rougissent à maturité. Ce sont des pseudo-fruits, nommés cynorhodons, résultant de la concrétion des bases des sépales avec l'ovaire qui contient les graines. Seuls les lobes supérieurs des sépales sont rabattus sur le fruit, pour tomber à maturité. Et c'est là où le bât blesse, car dans le fruit mûr, les graines sont entourées de nombreux poils irritants ! Même les enfants savent que l'on appelle cette plante le Gratte-cul, car rien n'est plus amusant que d'introduire quelques graines dans le dos d'un camarade pour le voir se tortiller dans tous les sens.

Si les petits garçons étaient punis, ils pouvaient toujours se consoler en construisant de petits cochons en plantant 4 épines de l'églantier pour faire les pattes, le pédoncule servait de queue et le pistil de groin, et enfin deux petits sépales servaient d'oreille. Les petites filles, aux jeux plus élégants, pouvaient, quant à elles, couper le cynorhodon au 2/3 dans la longueur à partir du pédoncule et le pincer au lobe de l'oreille pour en faire une boucle d'oreille.

Mais, soyons indulgents sur ces enfantillages, car plus tard, ces gamins deviendront probablement des adultes qui s'amuseront à préparer une spécialité culinaire régionale, la confiture de cynorhodons, riche en vitamines A, B, E, K, PP ... et surtout C, l'idéal pour une bonne santé tout l'hiver, qui, nous le savons, est très rude dans l'Est de la France. Il faut préciser que la récolte des fruits se fait une fois les premières gelées automnales passées, afin de faire disparaître l'astringence du fruit et éviter que la fameuse confiture ne se transforme en une potion aux propriétés laxative et diurétique ! Et aussi, n'oubliez pas d'ôter les graines et le duvet avant de faire votre confiture …

Et si cette recette ne marche pas, sachez que depuis l'Antiquité sa racine passait pour guérir la rage... mais pas celle d'avoir perdu son temps à éplucher tous ces petits fruits.